Notre voyage alterne entre la ville et
la campagne. Sans hésitation, c'est cette dernière qui nous ravit
le plus.
Certes, dans l'état du Tamil Nadu,
contrairement au Kérala, la pauvreté s'étale plus. Les mendiants
sont plus nombreux, les vieilles femmes aux cheveux sales et emmêlés
aussi. C'est un signe car ici, les gens font un réel effort pour
être propres et bien habillés. Quant à la coiffure, n'en parlons
pas. Avoir les cheveux dans cet état est un vrai signe de déchéance.
A coté de cela, nous naviguons dans
une Inde bien différente. Ici, les réalités sociales et
économiques sont multiples et s'entrecroisent sans jamais se
toucher. De l'habitacle climatisé de notre voiture, nous apercevons
de l'autre coté de la fenêtre la misère et la crasse, quotidien de
dizaines de millions d'indiens. L'addition d'un repas pour quatre
dans les endroits où nous nous arrêtons ferait vivre une famille
entière pendant 2 semaines. Et si nous n'osons pas toujours boire
dans les verres de certains restaurants, nous oublions parfois que
l’accès à l'eau potable est souvent un luxe.
Mais ici, cela est une réalité mais
pas un poids.
Étrange sensation pour de petits
occidentaux, habitués à ses valeurs et défenseurs de l'égalité.
Ici, il n'est tout simplement pas possible de partager la misère des
gens. Elle est trop énorme, trop complète. Elle nous écraserait
comme un moustique sous une pierre. On peut ressentir une certaine
forme de compassion, mais guère plus sinon la souffrance et la
tristesse nous balayerait. A coté d'un champ que la route traverse,
une femme fouille dans les détritus sur le bas-coté. Son enfant de
quoi... 3 ans ? 4 ans ? joue dans les ordures à quelques
mètres d'elle, les remuant avec un bâton, les fesses à l'air.
A l'entrée d'un bois où nous sommes
arrêtés, nous avons vu l'indien le plus maigre du sud de l'Inde.
Accroupi, il ressemblait a une sauterelle, ses longues jambes fines
comme des bâtons morts ramassées sur elles mêmes. Il portait des
lunettes qui lui dévoraient le visage, épaisse comme des culs de
bouteille. Il était en train de tenter de se rafraîchir à un
robinet au milieu de nul part. A l'arrivée de notre voiture, il à
essayer de se relever. Et il y est parvenu. Lentement, en dépliant
sa carcasse méthodiquement.
Nous sommes rester subjuguer par cette
vision d'une maigreur mortelle.
C'était un mendiant, mais pendant un
moment je dois avouer que je ne savais plus si c'était un prêtre,
un mendiant, un shadu ou que sais-je encore.
Ce n'est que lorsque notre guide lui à
tendu un billet en lui disant, en hindi, de manger un peu que j'ai
compris.
Lisant cela assis dans un salon, cela
peut, doit sûrement paraître étrange. Mais sur le coup, cette
vision sortait tellement de notre champ d'expérience qu'il à fallu
ce déclic de notre guide lui faisant l’aumône pour comprendre
cette scène.
C'est cela aussi de se confronter à ce
que nous n'avons jamais vécu.
Mais encore une fois, nous évoluons
dans un univers parallèle à celui-ci.
Hier matin, mercredi 6 janvier, nous
avons quitter notre hôtel 5 étoiles en bord de fleuve avec piscine
à débordement situé en périphérie de la ville de Thanjavur. Nous
avons visiter deux temples. Le premier superbe, dans des tons de
ocre, brûlant sous le soleil de l'Inde et dédier à Nandi, le
véhicule de Shiva le destructeur. Une immense étendue classée au
patrimoine mondial de l'humanité.
Le second, après 2 heures de voyage,
les filles, épuisées, n'ont même pas voulu descendre de la voiture
pour le visiter. Les vieilles pierres commencent à les lasser.
Ce début de mutinerie nous à donc
contraint à rebrousser chemin jusqu'à la route principale et à
poursuivre notre voyage en direction de Tranquebar.
Tranquebar, but ultime de notre voyage
aujourd'hui.
C'est un village situé tout au bout de
nul part, en bord de mer. Lorsque nous y arrivons enfin, nous sommes
tous très fatigués. Les filles par la route, et Stéphanie et moi
plus encore par ce vicieux petit thé massala que nous avons bu hier
soir avec gourmandise avant de nous coucher. Par sa faute nous
n'avons pas pu fermer l'oeil de la nuit...
C'est donc un peu de mauvaise humeur
que nous cherchons avec le guide la direction du resort. Après avoir
dépassé le village, nous franchissons une vieille arcade en pierre,
courante ici pour délimiter les frontières d'une commune (encore
que ces termes, tellement européen, ne correspondent pas à grand
chose ici). Nous continuons donc lentement à avancer en direction de
la plage (encore que ce terme, tellement européen etc, etc, vous
m'avez compris) sur une route (encore que ce terme...) ensablée. De
chaque coté, de longs bâtiments clairs plutôt récents et
imposants surmontés de croix catholiques le plus souvent. De l'un
d'eux s'échappent des bruits de cours de récréation. Sur le
portail en fer forgé d'un autre situé plus loin, on peut lire
« Couvent Sainte-Thérèse ». Encore après c'est une
église blanche, suivi d'une école de professeurs. Sur les murs du
jardin qui l'entoure, des inscriptions en anglais et en hindi tirées
de la Bible. Nous sommes assurément dans le quartier catholique.
Nous parvenons enfin au resort qui se
nomme « Bungalow On The Beach ». En fait de bungalow,
c'est surtout une construction typique, toute en plâtre blanc et en
arcade dissimulant des ombres qui s'offre à nous.
Comme souvent ici, les constructions au
alentour sont plutôt misérables, voire au mieux sales. Et c'est
toujours avec un peu d'appréhension que nous découvrons chaque fois
l'environnement qui nous attends. A l'intérieur, le réceptionniste
charmant parle néanmoins l'anglais avec un accent qui rend la
compréhension mutuel difficile. A moins que cela ne vienne de notre
propre anglais, ce qui est loin d'être impossible.
Nous comprenons néanmoins que notre
chambre n'est pas prête et qu'il nous faut un peu patienter. Mais
finalement ce n'est pas ça. Nous nous sommes tromper et en fait
c'est que notre chauffeur doit nous conduire à notre chambre. Mais
vu les alentours, nous ne comprenons pas bien de quoi il peut s'agir.
Le réceptionniste nous explique encore les différents horaires pour
breakfast, lunch, dinner auxquels il faut rajouter le snack de
l'après-midi.
Nous montons dans la voiture et notre
chauffeur tente de trouver notre habitation avec un petit soupir,
circulant au milieu des rues pas très engageantes.
Dans ma tête, je suis déjà prêt à
retourner à la réception et à demander une « upgrade »
de la chambre. Nous sommes tous fatigués par la route et l'idée de
passer deux jours dans un environnement sordide est au dessus de nos
forces.
Le chauffeur se perd, prend son
téléphone, appelle la réception et demande son chemin.
Dans la voiture, je sens les filles et
ma femme aussi tendues que moi, aussi fatiguées que moi.
Finalement, au bout de la longue route
ensablée, en direction du village, un couple d'indien devant un
portail discret sur notre gauche nous fait signe en souriant.
L'endroit est entouré d'un mur blanc.
Nous pénétrons dans un petit jardin
et devant nous nous attends une grande propriété avec un étage,
typique et resplendissante de santé.
Nous recommençons à respirer.
A l'intérieur, 4 couloirs parquetés
mènent à un patio à ciel ouvert autour duquel sont disposées les
chambres. La notre est un petit appartement avec deux pièces
contiguës séparées par une porte. Les murs sont recouverts de
plâtre blanc, le sol est en carrelage ocre et tout le mobilier en
bois patiné, sombre et confortable.
De l'un des couloirs, à quelques
mètres de notre chambre, se trouve la piscine de l'hôtel entourée
par une véranda en bois sous laquelle sont disposées des chaises
confortables.
C'est une oasis dans le désert et nous
allons y passer 2 nuits.
Nous disons au chauffeur que demain
nous n'aurons pas besoin de lui. Enfin 24h sans prendre la voiture.
Ce dernier à de toutes façons l'air aussi fatigué que nous.
A peine le temps d'enfiler les maillots
de bains que les filles se jettent dans la piscine.
Le soir, au repas, il y avait du
poulet, des frites et de la purée. Comme s'était l'anniversaire de
la responsable il y avait aussi du gâteau et nous avons aussi
chanter « Bon anniversaire » à une française à la
table d'à coté.
Les filles se sont endormies dans leur
grand lit en regardant Barbie sur l'ordinateur.
Demain, au vu de notre programme,
grasse matinée pour tout le monde.
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